Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Témoignage de Safiya.

De quelle ville viens-tu ?
Je viens de la ville de Lyon.

Quelles sont tes origines ?
Je suis d'origine Algérienne. Mon père et ma mère de même, donc le choix de notre destination a été fait sans hésitation.

Quel âge avais-tu lors de votre hijra?
J'avais 12 ans.

À l'annonce de votre départ, quelles ont été tes réactions ?
J'étais jeune donc j'avais du mal à comprendre la décision de mes parents. Maintenant, j'ai compris pourquoi ils ont voulu faire ainsi.
J'étais triste et j'avais peur. Peur de devoir recommencer une nouvelle vie dans un milieu que je ne connaissais pas beaucoup. J'allais certes de temps en temps en vacances en Algérie avec ma famille. J'y allais pour une petite période donc je ne connaissais que certaines personnes de ma famille et certains endroits mais sans plus. J'étais angoissée et je n'y comprenais plus rien.
Pourquoi devoir changer de pays et habiter du jour au lendemain vivre dans un autre pays ? On était bien en France, j'avais de bonnes notes à l'école, tout était parfait, alors pourquoi cette décision ? J'avais la tête pleine de questions, malgré les explications de mes parents je n'étais pas du tout convaincu et je voulais absolument retourner en France, reprendre mes cours là bas et retrouver mes copines. Je pleurais sans cesse mais c'était la décision de mes parents et je n'y pouvais rien. Il me fallait voir les choses en face donc je patienta.

Comment s'est passé ton installation ?
Notre installation c'est très bien passé. Tout était bien préparé. On avait un petit
immeuble près des établissements scolaires. Malgré le climat, un climat très chaud, tout s'est bien passé. La famille de ma mère, qui est elle aussi en Algérie, nous aida à acheter tout ce qui nous fallait, notamment les meubles.
Au bout de combien de temps as-tu réussi à t'adapter ?
Est ce que les premiers temps ont été durs ?
J'ai eu du mal à m'adapter à ce nouveau milieu. Les premiers temps ont été certainement les plus durs. Le plus dur lors de mon parcours a été le changement de langue. J'avais du mal à communiquer avec mon entourage. De plus, je devais m'inscrire et continuer mes études en Algérie.

Quelles difficultés as-tu rencontré ?
Je comprenais un peu l'arabe mais je ne savais pas trop parler cette langue. De plus nous nous sommes installés dans un petit village pas loin de la ville de Biskra dont les habitants ne parlaient pas trop le français.

En France, étais-tu scolarisée?
En France, oui j'étais scolarisée.

Quelles difficultés as-tu rencontré pour ton adaptation à l'école Algérienne ?
Mes principales difficultés étaient premièrement devoir parler et surtout écrire arabe. Chose pas facile surtout lors de la prononciation des lettres. Ensuite, il y avait le fait de devoir comprendre les profs, comprendre leurs organisations, leurs méthodes d'enseignement qui changeaient complètement à celle des profs de France. Et après, il y avais le fait de devoir me faire de nouvelles copines. Chose normalement facile mais ça n'a pas été le cas pour moi. Des filles faisaient croire qu'elles étaient mes copines et parlaient sur moi derrière mon dos et me faisaient des coups. J'avais 12 ans, j'étais innocente et je faisais confiance un peu à tout le monde. Avec les années, j'ai pu ouvrir les yeux et maintenant alhamdulilaih j'ai de vrai copines, des perles ma chaa'Allah. Qu'Allah Ta'ala les préserve.


Quel âge as-tu maintenant
?
J'ai actuellement 19 ans.

Tu continues tes études, peux-tu nous en dire plus ?
Oui, je continue mes études. Je suis à l'université. L'université d'Algérie c'est un peu pareil. Tu choisis ce que tu veux faire mais ton accessibilité dans une université pour étudier une filière dépens de ta note au Bac. Je peux vous résumer un peu les journées dans les établissements scolaires autre que dans les universités qui ne changent pas trop des universités de France. En Algérie, on assiste tous les matins au lever du drapeau accompagné de l'hymne nationale. Après cela, chacun doit se diriger dans sa classe. Les matières sont identiques aux matières qu'il y a en France à part que tout est en arabe et qu'on trouve l'éducation islamique comme matière en plus en Algérie. De plus, on n'étudie pas le latin au collège et lycée, ni l'espagnol, l'Italien...mais seulement l'arabe, le français et l'anglais comme langue sauf si bien sûr on a choisis une filière littéraire. À l'université, ça dépens aussi de la filière. Les études ne sont pas payantes mais nombre de professeurs offre des cours de soutient pendant les weekend à ses élèves dans ces même établissements, payants quant à eux. Les cours de soutient ne sont pas obligatoires et libre aux élèves de s'y rendent ou non. On peut trouver des profs bon et des autres pas si bon que ça. Mais c'est partout comme ça, même en France. Les élèves & étudiants ne souffrent pas de racismes mais en toute sincérité c'est non plus pas la vie rose. Il y a d’irrespectueuses personnes partout. N'attendez vous pas à que tout le monde pratique bien l'Islam. Mais au moins, on a la possibilité de pratiquer les principes de notre religion partout en toute liberté sans préjugé. On peut être surpris par les mentalités des gens, comment ils se comportent vis à vis des autres.... ( rester à vie ce n'est pas comme de simple vacances) mais il faut toujours patienter et ne pas se prendre la tête.


Les classes sont-elles mixtes?
Les classes sont mixtes. Que ça soit à la fac, lycée, collège et même primaire. Mais on peut trouver des établissements non mixtes dans des grandes villes comme à Alger par exemple. Chaque personne est libre de sa tenue mais le port d'une blouse est obligatoire (sauf à la fac). Étudiante en jilbeb, en hijab, en abaya, sans voiles,...sont toutes les bienvenus dans tous les établissements.

Quels conseils souhaites-tu donner à nos jeunes mouhajirine ?

Si je peux également me permette de conseiller toute personne qui souhaiterait faire la hijra d'apprendre à vos enfants l'arabe, ne serait ce l'alphabet. C'est le plus important. Et ne vous inquiétez pas, on s'adapte vite et on apprend petit à petit comment parler et écrire correctement. Mais mieux faire une hijra alors que les enfants sont en bas âge. Plus ils grandissent, plus cela devient difficile. La hijra est un grand bienfait. Je peux maintenant lire sans aucune difficulté le Coran alhamdulilaih. Alors qu'avant c'était à peine si je savais déchiffrer les mots. Inscrivez aussi vos enfants, une fois en Algérie, aux cours de Coran. Généralement, c'est des cours tous les jours après les heures de cours scolaires. Il y a aussi des séances d'apprentissage du Coran avec ahkam tajwid pour les plus grand. Pourquoi pas vous ? Il n'est jamais trop tard pour apprendre ! Qu'Allah Ta'ala facilite toutes les personnes qui souhaiteraient faire la hijra. N'oubliez pas que la hijra est une obligation !

12 ans , et déjà Mouhajira
Tag(s) : #interview